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Titre du blog : Notre Dame du Château - Sorède
Auteur : ultrera
Date de création : 08-02-2009
 
posté le 04-11-2018 à 19:45:34

Hommage à nos morts de 14 / 18...

Armistice du 11 novembre 2018

LA GRANDE GUERRE

11 NOVEMBRE 1918  /  11 NOVEMBRE 2018...100 ans déjà...

 

Bientôt le 11 novembre, J'ai trouvé dans les écrits et archives de Jérome Margail le souvenir de cette déclaration de guerre et comment les enfants de l'époque avaient vécu ces tristes années. La libération enfin, au bout de cinquante et un mois et onze jours, tous ces morts, toute cette misère, enfin la paix était là...

 

" Nous étions 2 août 1914, je me souviens encore des affiches aux deux drapeaux croisés annonçant la mobilisation générale. C'était la guerre, mais pas une drôle de guerre, ce jour là, mon père me tenait par la main, beaucoup d'hommes étaient rassemblés au pont, devant le café Pideil (actuellement le marchand  de légumes), chacun faisait son petit commentaire sur l'évènement qui devait tourner en guerre mondiale. Il y avait ces mots qui revenaient toujours "On va enfin prendre la revanche et en très peu de temps encore", d'autres disaient " Ce sera l'affaire de quelques semaines" ; Hélas ! ce fut l'affaire de quelques années : cinquante et un mois et onze jours. Sorède paya un large tribut avec plus de soixante morts et beaucoup d'autres marqués pour le restant de leur vie."

 

Témoignage - Souvenir ....Les écrits de Jérome Margail...

"Nous, les jeunes, les écoliers, nous subîmes aussi les répercutions de ce désastre, nos instituteurs mobilisés, parmi eux monsieur Tocabens qui fut le premier mort au champ d'honneur, nous eûmes de jeunes normaliens qui se succédaient presque chaque mois. De ce fait, nous ne pouvions avancer dans notre instruction et même dans notre éducation car j'ai vu des élèves de 13 ans se battre avec leur enseignant.

Il y eut un changement aussi dans nos jeux, finies les calmes parties de billes, on était dans l'atmosphère guerrier et un jeu qui avait pour nom de "bataille de la Marne" était à l'honneur. Il consistait aprés avoir formé deux camps, à se battre sous toutes les formes. Bien souvent c'était le nez saignant et les genoux écorchés qu'on reprenait la classe, mais nous étions satisfaits de notre courage dans la petite guerre.

Il faut dire aussi que nous étions habillés pour la bataille, chacun avec son bonnet de police que papa ou l'oncle avait porté à la permission, nous avions ajouté des bandes molletières sur nos mollets en manche de balais, que voulez vous en ce moment c'était de circonstance.

Quel désespoir pour nos parents quand nous rentrions les culottes trouées, la blouse déchirée, les chaussures en piteux état.

Ces jeux furent interdits plus tard mais il fallut à chaque récréation l'intervention du garde champêtre, notre corps enseignant ne pouvant intervenir car il était composé uniquement de femmes."

 

 papa

Jérome Margail 1906 - 1986

LA GRANDE GUERRE (suite 1)

c'est toujours J. Margail qui vous donne ses souvenirs d'enfance de la guerre de 14/18, comment un enfant avait vécu cette terrible période. 

 

"Ce  fut alors un changement, ne pouvant batailler à l'école, ce fut la guerre entre les deux villages de Laroque et Sorède (2 kilomètres). Tous les jeudis et tous les dimanches étaient des journées "glorieuses" , le champ de bataille était le "correch d'en  Chibri" car les caprices du terrain convenaient bien à "l'aspadragade"(on se lançait des pierres) et aux coups de bâtons.

Cette fois  ci la paix ne revint qu'avec l'intervention des gendarmes  car aucun de nous ne pouvait s'aventurer à Laroque pour faire des commissions sans recevoir, cette fois par traîtrise une volée de coups de pieds au derrière, cela devenait réciproque si un rocatin s'aventurait à Sorède.

 

François Falguère (1916)

Ma pauvre grand mère qui m'élevait car j'avais perdu ma mère à l'âge de 3 ans, se faisait bien du souci, ses deux fils étant partis à la guerre, la propriété était entièrement à sa charge et il n'y avait pas de personnel pour travailler. Comme elle était illettrée, c'est à moi qu'incombait la corvée de la correspondance ce qui m'empêchait d'être avec les autres galopins.Pour elle c'était la croix et la bannière pour me faire écrire, ce que je faisais toujours de mauvaise grâce et mes lettres demandaient beaucoup de patience au correspondant pour la lecture car c'était un mélange de catalan et de français qui n'avait rien d'académique.

 

J. Margail (première communion)

Je fis ma première communion en 1917, ce fut une petite fête pour moi  mais ni mon père  ni mon oncle n'étaient à mes cotés et je me souviens que ce jour là on mangea un lapin, chose qui était rare.

Ce jour là je fus agréablement surpris car je reçus la somme de quarante huit sous, en échange je reçus aussi un baiser sur chaque joue des personnes qui ensuite me rétribuaient." 

 

 

LA GRANDE GUERRE (suite 2)

 

"Nous voici donc maintenant aux dernières semaines de la guerre. Les Allemand étaient bousculés partout par les armées alliées et malgré cela le village vivait dans cette peur des mauvaises nouvelles en l'occurrence la dépêche annonçant la mort d'un enfant de Sorède. Le dernier fut le pauvre Jean Barrère.

deux sorédiens en 1917 pendant la guerre

Le 11 novembre 1918, enfin fut le jour de la fin de ce vrai et terrible cauchemar et la joie et les larmes marquèrent cette grande et inoubliable journée. " LA GUERRE ETAIT TERMINEE".Il a suffi du mémorable cessez le feu que fit retentir sur le champs de bataille le caporal clairon Sellier pour que revienne dans les esprits une paix tant désirée.

 

A Sorède déjà le matin de bonne heure, personne ne travaillait et ce fut vers midi que la grande nouvelle arriva par un message officiel.

Les cloches de notre église se mirent à carillonner, c'était le seul moyen à l'époque pour annoncer la bonne nouvelle car depuis quatre ans, elle ne sonnaient que le glas. Sûrement que de mémoire de cloche, jamais elles n'avaient chanté aussi longtemps car ce fut à la nuit tombante qu'elles s'arrêtèrent. Les sonneurs qui se remplaçaient étaient Monsieur Parayre dit (Poupoun) et Monsieur Paré Gaudérique, forgeron sur la place.

Quant à nous, les jeunes, nous avions fait l'escalade sur le toit de l'église pour montrer notre joie,  ce jour là   tout était permi. Réflexion faite, aujourd'hui ce fut un vrai miracle si aucun d'entre nous ne tomba de cette grande hauteur.

Pour marquer cette journée il y eut deux naissances à Sorède : un garçon que l'on prénomma Martin et une fille à qui on donna le prénom de Victoire.

 


 

Le soir , Monsieur Miquel, nous lut entre les deux café "Vignes" et "Faille" une édition spéciale du journal "L'indépendant" qui relatait les évènement de cette signature entre vainqueurs et vaincus.

La journée se termina par un petit discours de Monsieur Massot , maire du village et un tour de ville avec les chants de "La Madelon" et "Quand on vient en permission".

La guerre était finie et on s'était juré que ce serait la dernière,

que jamais plus chose pareille n'arriverait, vraiment nous étions de très mauvais prophètes."

 

 

Oui, en effet c'était mal connaître les hommes, 20 ans plus tard, on remettait ça.

Je ne connais pas l'auteur de ce petit poème que j'ai trouvé sur internet...je l'ai trouvé intéressant.

 

carte postle de J Margail à son père en 1918

La guerre aura-t-elle enfin

Assez provoqué de souffrances et de misères,

Assez tué d'hommes'

Pour qu'à leur tour les hommes aient l'intelligence

Et la volonté de tuer la guerre ...

 

 

LA GRANDE GUERRE (suite et fin)

SOIXANTE SIX, ils sont 66 sur une population de 1200 habitants environ à avoir quitté leur village, leurs parents, leur femme, leurs enfants, leur famille.....et ils ne sont jamais revenus, MORTS AU CHAMP D'HONNEUR. Ils avaient 20, 25, 30 ans, leur nom est inscrit à tout jamais sur  le monument aux morts, morts pour qui ? pour quoi ? pour nous, pour notre liberté à tous. Il y eut plus de 12 millions de morts, maudite soit la guerre...

 

 

 

 Le commandement...

 

LA GRANDE GUERRE

En hommage à ceux qui ont donné leur vie durant cette terrible guerre de 14/18

ce très beau poème, un grand classique, me revient en mémoire, il ne faut jamais les oublier ceux

qui pieusement sont morts pour la patrie.....

Notre village paya un lourd tribu avec ses 66 morts tombés au champ d'honneur....

 

HYMNE de Victor Hugo (1802-1885)

 
HYMNE
 
Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu"à leur cercueil la foule vienne et prie,
Entre les plus beaux noms, leur nom est le plus beau,
Toute gloire près d' eux, passe et tombe éphémère
Et comme  ferait une mère, la voix d'un peuple entier
Les berce en leur tombeau.
 
Gloire à notre FRANCE éternelle 
Gloire à ceux qui sont morts pour elle,
Aux martyrs, aux vaillants, aux forts,
A ceux qu'enflamme leur exemple,
Qui veulent place dans le temple ,
Et qui mourront comme ils sont morts.
 
VICTOR HUGO
 
 
 

Monument aux morts de Sorède 

 

   11 Novembre 1918, la grande guerre prend fin mais à quel prix ? Que de morts, que de peines, que de malheurs....Notre village paya un lourd tribu avec ses 66 morts tombés au champ d'honneur....
 
Comment Soréde a vécu le 11 novembre 1918...
Ce jour là, à Sorède, personne n'était parti au travail et vers midi la grande nouvelle arriva par un message officiel...Les cloches de notre église se mirent à carrilloner, c'était le seul moyen à l'époque pour annoncer une bonne nouvelle...Depuis quatre ans elles ne sonnaient que le glas. Sûrement, de mémoire de cloche, elle n'avaient chanté aussi longtemps car ce ne fut qu'à la nuit tombée qu"elles cessèrent de sonner.
Les sonneurs qui se remplaçaient étaient Monsieur Parayre (dit Poupoun) et monsieur Gaudérique Paré (le forgeron de la place).
Il y eut aussi ce jour là deux naissances à Sorède : une fille que l'on prénomma VICTOIRE et un garçon à qui l'on donna le prénom du saint du jour MARTIN.
Le soir de ce jour mémorable, Monsieur Jacques MIQUEL lut entre les deux cafés Vignes et Faille une édition spéciale de l'INDEPENDANT qui donnait des renseignement sur la signature entre vainqueurs et vaincus.
La journée se termina par un petit discours de Monsieur MASSOT maire de Sorède  et un tour du village de la population avec les  chants de "La Madelon" et "Quand on vient en permission" ....
 Jérome MARGAIL...
 

clocher de Sorède

clocher de Sorède...Les cloches de notre église se mirent à carillonner

 

 

le courrier des soldats.

 J'espère que ces quelques cartes vous plairont,

elles amenaient un peu de  douceur dans les terribles journées de nos jeunes poilus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et enfin le premier défilé de la victoire....

 

COMMEMORATION DU 11 NOVEMBRE 2018 à Soréde...

 à 11h30 Départ du cortége officiel du parking de la mairie

pour dépot de gerbe au monument aux morts

suivi de l'apéritif  d'honneur offert par la municipalité dans les jardins de la mairie...