Pentecote à Notre Dame du château
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Ce lundi de Pentecote 28 mai 2012
MESSE à 11h00 avec la participation de la Cobla
"Les Casenoves"
suivi du Repas tiré des sacs
et du LLEVAN DE TAULA
Vers 15h00 Sardanes et Bal Catalan
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"HISTOIRES et TRADITIONS"
PROCESSION DU LUNDI DE PENTECOTE (1898)(Par l’abbé Coll, Ancien curé de Sorède et Ami du Padre Himalaya en 1900)
Tiré des archives de Jérome MARGAIL ( Sorédien 1906 - 1986)
Le bouton de la rose ne s’épanouit pas plus aisément sous les rayons du soleil, et l’enfant au berceau ne sourit pas plus simplement sous les baisers de sa mère, que l’habitant de Sorède à l’annonce heureuse d’une belle journée, d’un temps superbe, magnifique…. En ce lundi de Pentecôte !
Si, de grand matin, les cloches bénies, célestes messagères font retentir les airs de leurs notes joyeuses, c’est bon signe !...
Marie, la souveraine la mère tant aimée attend là haut ses enfants… L’horizon devant être sans rides et sans nuages.
Les cloches ne sont pas menteuses. Aussi, quel bien-être, quelle intime satisfaction, quel saint enthousiasme, remplit tous les cœurs, fait tressaillir tous les chrétiens sans exception, justes et …pécheurs ; car c’est la fête de tous, la grande, l’incomparable fête de Sorède !
On court à l’église ; chacun s’empresse autour des Mystères ou Saintes images. Les mères chrétiennes marchant pieds nus, porteront avec une religieuse émotion la pleurante N D des Douleurs. Les jeunes filles seront fières de prêter leurs épaules à la ravissante sainte Phylomène, si richement parée pour la circonstance. Saint Sébastien, le courageux ; Saint Assiscle et sainte Victoire les invincibles, sont confiés à la vaillante phalange des jeunes gens.
Parmi eux, plusieurs revêtent la longue robe noire de pénitents que tiendront relevée, pour l’empêcher de trainer par terre des jeunes enfants devenus pour lors « petits pages », émerveillés et tout fiers de leur rôle.
Puis encore, des hommes de foi et de courage, pour qui la fatigue devient agrément, par cela seul qu’ils ont désiré cette noble fonction, recherché ce sacrifice méritoire, transporteront à l’ermitage la grande croix dénommée par no chers catalans : « lou San cristou », œuvre d’art due parait-il à la main d’un célèbre sculpteur espagnol dont nous serions heureux de connaître le nom.
Rien de plus imposant t de plus majestueux que le spectacle de ces modernes Cyrénéens, en habit de pénitent, coiffés de la traditionnelle « caparoutche », marchant pieds nus, chargés du précieux fardeau, précédés de plusieurs acolytes et suivis eux aussi de charmants petits pages !
La procession s’est formée. Le cortège s’ébranle ; les bannières aux couleurs voyantes et les divers « mystères » occupent leur place officielle. Dans toutes les rues apparaissent de nombreux fidèles qui viennent se joindre aux premiers arrivés. Pas de haie, par exemple, à cette heure matinale…. Tout le monde est à la procession !
Immédiatement après le Christ vient la musique, cobla d’en Mattes de Céret, qui alterne, par des morceaux d’une ineffable harmonie, avec les chants nourris et enthousiastes d’une foule considérable d’hommes. Au milieu de ceux-ci, la municipalité ayant à la tête le maire et l’adjoint ceints de l’écharpe tricolore et le curé de la paroisse, en chape rouge, tenant en ses mains la relique de la vraie croix.
On arrive au calvaire. Un petit autel est dressé, en plein air, auprès de la croix de mission. Les chants se renouvèlent avec plus d’éclat et d’entrain qu’à la sortie de l’église en vue sans doute d’encourager les partants vers le lointain ermitage.
Mais avant de se séparer, la foule des catholiques de Sorède profondément recueillie tombe à genoux pour recevoir la bénédiction du prêtre, cependant que la musique fait entendre un chant d’adieu, mélancolique et réconfortant à la fois. Touchant témoignage de fraternité chrétienne.
Voilà donc les plus vigoureux et les moins occupés dans la plaine qui gravissent lentement sous le souffle vivifiant d’une prière continue, la célèbre montagne d’Ultréra. Après une station à chacune des trois croix qui divisent en parties égales la distance séparant Sorède et l’ermitage, ils arrivent à la chapelle du Christ, vestibule modeste du sanctuaire vénéré que se choisit Marie elle-même, à en croire la légende. Là une prière solennelle est adressée au divin crucifié.
La procession pénètre dans la vaste chapelle, au son joyeux des cloches de l’aimable solitude, lesquelles ont pour mission d’envoyer à tous les échos la nouvelle de l’heureuse arrivée des pèlerins. Pas un en cet instant fortuné, qui ne salue, avec quel bonheur et quelle confiance ! La vierge au doux sourire par un chant pieux, tout au moins par une ardente prière.
C’est bientôt la Grand’messe, d’ordinaire admirablement chantée.
Bien sûr, le corps à son tour réclame aussi sa fête, c’est pourquoi des groupes s’échelonnent çà et là , étalant leurs provisions sur l’herbette . et alors, jeunes et vieux convives de prouver à qui mieux mieux que tous les âges sont sans pitié pour les victuailles dorées et croustillantes de pareil jour.
De courtes vêpres clôturent le séjour à l’ermitage. Après quoi le défilé descendant s’exécute sans désordre ni précipitation, les mesures étant prises pour arriver à Sorède à l’heure convenue.
Nouveau rendez-vous au calvaire.
La population indigène et de très nombreux étrangers sont là. Ils accueillent avec une sympathie mêlée de reconnaissance, leurs braves et fidèles délégués au sanctuaire de Marie.
Dans le même ordre que le matin, la procession s’avance mais cette fois difficilement à cause de la foule des assistants devenue quasi innombrable.
Pendant tout le long du trajet du calvaire à l’église, c’est une masse compacte serrée et cependant toujours recueillie, attentive, fascinée dirait-on par les accords mélodieux de la musique Cérétoise et par l’effet singulier des cantiques populaires ; Je suis chrétien, salut à toi, vierge bénie, etc.…..
Mais c’est le quartier saint Jacques et sur la grande place que l’aspect de la procession est grandiose, saisissant ! …C’est maintenant un fourré presque impénétrable. La procession passe à l’étroit, enserrée qu’elle est au milieu de cette immense agglomération composée principalement d’habitants de Laroque, Saint André, Saint Génis, Palau, Argelès et Collioure.
Toutefois, pas même alors, ni la bonne tenue ni le silence ni le respect ne laissent aucunement à désirer. C’est que pour l’âme, naturellement chrétienne toute manifestation religieuse est une leçon et une espérance.
Enfin, l’église brillamment décorée et illuminée reçoit à nouveau les saintes Images qui suivent de près pour pouvoir trouver une place, les plus zélés d’entre les fidèles désireux d’entendre une pieuse exhortation du curé de la paroisse ou de tout autre prêtre étranger et de recevoir la bénédiction du très saint Sacrement.
Ainsi, chaque année, se célèbre la grande, la glorieuse fête du lundi de Pentecôte, à la très vive satisfaction de tous les sorédiens, des étrangers et aussi au profit très appréciable des commerces locaux.
Gloire à Marie immaculée